Vous connaissez cet art japonais qui consiste à plier et replier une feuille de papier jusqu’à ce qu’elle ressemble à un animal, une fleur ou, tout autre chose ? Oui, c’est bien ça, l’origami. Et bien depuis quelques semaines, l’un d’entre nous a voulu partager sa passion et a proposé d’animer cet atelier. Quand il nous en a parlé, on s’est dit que c’était fastoche, vu qu’il a appris tout seul sur internet. Et comme il est doué, en le regardant faire, on a dit banco ! Il était ravi de transmettre son savoir-faire. Nous, on était contents de lui faire plaisir. Il est tellement fan !

Seulement, voilà, tout ne s’est pas passé comme prévu. On a pourtant bien écouté et encore plus regardé. On se demande encore comment il fait. Ses doigts sont si agiles, si précis. On dirait qu’ils dansent avec le papier qui se métamorphose et prend vie sous nos yeux ébahis. C’est vrai, sous ses mains expertes, on dirait que ça respire. Nous, on ne sait pas vraiment expliquer ce qui fait que ça ne le fait pas. Ce n’est pas une question de patience, puisqu’on adore faire des mandalas. Non, c’est autre chose. On n’est peut-être pas assez japonais dans l’âme. Le calme, la concentration, ok. Mais au bout d’un moment, ces pliages savants nous tapent sur les nerfs. On est incapables de retenir l’ordre dans lequel on doit plier ces jolis petits bouts de papier de couleur. Lui, imperturbable, nous montre, nous remontre. Il nous guide pas à pas. Ah, c’est peut-être ça qui fait que coince… Il n’y a aucune place pour la spontanéité, l’improvisation. Tout est maîtrisé, au millimètre près. Impossible faire un pli de côté. Quand on sait qu’on n’arrive même pas à plier la feuille en deux correctement, ça donne une idée… Il y a toujours un truc qui dépasse. Alors au bout de quelques pliages, tous ces petits décalages mis bout à bout, ça donne un truc pas top. Ça ressemble beaucoup moins à une grue ou une fleur de lotus. Au bout d’un moment, ça fini par nous énerver. Nous taper sur le système. Mettre nos nerfs à vif. Et on est bien d’accord, on n’a pas besoin de ça.

En fait, il s’est passé exactement le contraire de ce que promettait cette belle activité. Pour le côté zen, ce n’est donc pas gagné ! Alors, on s’est fait porter pâle. On s’est débinés. On a fini par le laisser seul avec ses petits papiers. Lui, toujours très concentré, tout à sa joie de réaliser ces petites merveilles éphémères ne nous en a même pas voulu. Il a continué, imperturbable qu’il est, à faire naître des grues. C’est un oiseau et la légende dit que celui qui en fait mille voit son vœu se réaliser. On espère qu’il y arrivera. On croise les doigts. Parce que nous aussi on a un vœu. Celui que très prochainement, il trouvera des amateurs à la hauteur, pour partager sa passion.

Cette fois-ci, on doit bien l’avouer, l’entraide mutuelle a pris un coup dans l’aile !!! Alors, on se rattrape autrement. Pour se faire pardonner, pendant qu’il plie, nous on pétri et on fait de bons petits gâteaux. Non ! Pas de pâte feuilletée. On a une overdose de feuilles pour le moment. Ces petites douceurs nous permettent de culpabiliser un peu moins. Parce que, pour tout vous dire, on n’est pas très sereins. On se dit qu’il est un peu dans son monde. Certes, un joli monde plein de poésie, mais tout de même, ça reste un peu fragile, un monde de papier… Enfin, ne vous inquiétez pas, on est tous là et on veille au grain.