A Bastia, il se passe toujours quelque chose. Ce week-end, dans le cadre d’ « A settimana di u libru », s’est déroulée une bien jolie action. Comme c’était sur la place du marché et que c’est notre quartier, on s’y était tous donné rendez-vous avant d’aller au GEM.
Le petit fascicule, qui déclinait toutes les actions de cette semaine du livre, donnait bien peu d’informations pour se faire une idée…

Toutefois, le titre : « L’Agora de l’invisible » nous a intrigués. Qu’allait-il donc se passer samedi ? Allait-on disparaitre en plein cœur de la ville ? Ou bien est-ce la ville elle-même qui allait disparaitre tandis que nous serions en train d’errer au milieu de nulle part… ? La suite, « Les villes invisibles » d’Italo Calvino ne nous éclairait pas davantage. Il n’en fallait pas plus pour qu’on se lance dans quelques recherches.

Accrochez-vous, c’est parti pour un retour au Moyen-Age. Marco Polo, vous vous souvenez ? Immanquablement, son nom évoque les voyages. Jeune marchand vénitien parti en Chine, il vécut à la cour de Kūbilaï Khān, empereur mongol, tout comme son grand-père Gengis Khan... Lors de ses nombreux voyages, il lui décrit, par le menu, toutes les villes qu’il découvre. Le voilà le lien avec Italo Calvino ! Ouf ! Donc, l’écrivain, italien lui aussi, vous l’aviez deviné, a imaginé un dialogue entre les deux hommes autour de cinquante-cinq villes. Il a baptisé chacune d’un prénom féminin.

Pour boucler cette boucle italienne, revenons ici et maintenant à Bastia. C’est Orlando Forioso, et sa compagnie ThéâtrEuropa qui a proposé à la Ville cette idée. C’est donc cette petite troupe qui nous accueillait dans l’îlot installé au beau milieu de la place du marché, cœur battant de la ville.
Constitué de grands panneaux, recouverts de magnifiques dessins de villes, toutes plus fantasmagoriques les unes que les autres, cet îlot accueillait les curieux, comme nous. Au centre, 4 chaises pour inviter les visiteurs à s’installer et écouter une lecture publique. Et c’est parti pour un voyage, au gré des pages. A chaque chapitre, de nouvelles villes imaginaires. Celle qui nous a plus particulièrement interpellés, c’est Zoé… Chaque matin, ses habitants se réveillent et tout, absolument tout autour d’eux est flambant neuf. Tout ce qui a servi ou pas la veille est parti aux ordures… qui constitue, en fait cette ville !!! A méditer.

Nous, on a adoré qu’on nous fasse la lecture. Un délicieux petit moment, suspendu au-dessus de la ville, devenue invisible pour un instant. Juste le temps d’un voyage onirique. Comme pour mieux la retrouver. Bastia, son âme, sa joyeuse agitation colorée, ses habitants, ses marchands, ses étals de fruits, légumes et tout un tas de délices salés et sucrés que vous ne trouverez jamais dans les grandes surfaces. A méditer.