Samedi matin, nous étions de retour à Rutali. Et de nouveau, nous y sommes allés pour notre ami Robert. Cette fois, l’association « Opera di Rutali » organisait un week-end festif. Pour notre part, nous avions fait le choix d’admirer les deux expos proposées, l’une de photos anciennes, l’autre de tableaux. Et c’est bien volontiers que nous nous sommes laissés guider par Robert à travers les ruelles de son beau village.
Ce jour-là, à Rutali, si les murs n’avaient pas d’oreilles, avaient bien des yeux… braqués sur eux. Les nôtres entre autres. « Les murs sont des fenêtres » disait Marshall Rosenberg à propos de communication non violente. Et bien l’expression s’appliquait là aussi à merveille. Des fenêtres ouvertes sur le temps passé. En effet, ce sont les vieux murs de pierres sèches qui accueillaient les photos anciennes, témoignages de la vie d’autrefois. Ces clichés en noir et blanc, gardent pour toujours la marque de ceux qui sont partis, des événements importants de leurs vies, au fil des saisons et des années. Les souvenirs s’égrènent au gré des photos suspendues çà et là. On regarde ces visages, parfois graves, parfois souriants qui nous fixent par-delà le temps et c’est un peu comme si on partageait avec eux ces moments d’intimité. On ne retiendra pas les traits de leurs visages, certes, mais on se souviendra de l’atmosphère qui se dégage de chacune de ces scènes de leur quotidien.
Après cette émouvante incursion dans un passé finalement assez proche, nous avions besoin d’un petit temps pour nous remettre de nos émotions. Sur une petite terrasse ombragée, nous avons pu nous rafraîchir et admirer de nombreuses de petites plantes sélectionnées et entretenues avec soin. Puis, nous sommes repartis découvrir d’autres merveilles réalisées par quelques artistes du village, dont Robert. Les tableaux avaient pour écrin des caves, de vieilles maisons inoccupées et un vieux séchoir à châtaignes. C’est précisément là qu’étaient exposées ses œuvres, toutes très différentes les unes des autres. Elles donnaient un aperçu de l’étendue de sa palette de couleurs et de son monde intérieur imaginaire, riche et créatif. Le contraste entre les couleurs chatoyantes des toiles et aquarelles avec les noirs des murs recouverts par des décennies d’une fumée nourricière mettait en lumière tant les qualités de l’artiste que la beauté du patrimoine sauvé de l’oubli.
Parcourir ce dédale de ruelles pour admirer tous les petits trésors cachés dans le village, depuis le passé jusqu’à aujourd’hui nous a drôlement ouvert l’appétit. Alors, nous sommes allés nous restaurer au « Jardin d’Antoine ». Quel meilleur endroit, pour se restaurer et se reposer que ce magnifique petit coin de fraîcheur ? Une rivière, de grands arbres, une plage d’herbe tendre pour s’allonger. Ce fut encore une bien belle journée que celle-ci. Vivement les prochaines sorties… si la chaleur n’a pas raison de nous d’ici-là !