Allo ? Allo ? Que se passe-t-il ? Nous avons perdu le contact… Qu’allons-nous devenir ? Continuer à errer dans cet univers où le danger guette de toutes parts ? Les quelques consignes de sécurité, appliquées à la lettre par les uns, sont rudement mises à mal par le manque de rigueur des autres, bien qu’ils n’en aient pas conscience. Que devons-nous faire ? Rester indéfiniment confinés dans ce vaisseau en perdition ou prendre la seule décision pour protéger tous les passagers ?

Les jours passent et la situation s’aggrave. Chaque jour, le Conseil de sécurité se réunit et se heurte à la peur du plus grand nombre de perdre cet espace de rencontre privilégié. Discussions, explications, transactions, négociations… Pendant ce temps, la pression se fait plus forte. Et malheureusement, la tour de contrôle ne donne toujours aucune réponse concrète et rassurante.

Alors, les plus à même de réagir, face à l’angoisse qui monte de tous côtés, décident, à contre cœur mais pour la survie de tous, de poser le vaisseau et le quitter immédiatement. D’autant qu’un passager montre les tous premiers signes inquiétants. Et espérant vivement que ce ne soit pas grave, et avant de nous séparer, nous décidons de tous rester en contact. Certains ont déjà pris la mesure de l’épidémie devenue pandémie et donc compris que cette période, loin les uns des autres, sera longue, pénible et anxiogène pour les plus fragiles d’entre nous. Nous ne serons donc plus dans notre vaisseau commun mais serons reliés par des liens quotidiens.

C’est ainsi que nous, voyageurs de l’espace du vide intersidéral, nous sommes quittés. Sans même pouvoir nous embrasser pour nous dire au revoir, sans se serrer dans les bras pour se donner du courage. Le regard triste et le cœur lourd, en espérant tous se retrouver un jour prochain. Et surtout, en se promettant une nouvelle fois de rester en contact…

Voilà, tu en veux de l'empowerment ? De l'expression de la citoyenneté, du civisme, de l’entraide mutuelle, de la solidarité ? Et bien en voici : en ce vendredi 13 mars, maudit ou bénit, c'est donc la mort dans l'âme que nous nous sommes résolus à fermer notre GEM, pour nous protéger tous, nous, autant que vous. Cette décision a été douloureuse à prendre, bien sûr. Pourtant, c'est ce qu'on fait d’autres GEM de Corse, dans un esprit d'entraide mutuelle qui nous caractérise et qui est la première des valeurs que nous portons et qui nous porte.
Un crève-cœur ?! Tu l'as dit B... !

Bien que cela nous en coûte, et croyez-nous, fréquenter un GEM, ça n'a pas de prix, nous avons fait preuve d'un grand sens de la responsabilité individuelle, d'une grande maturité collective, surtout pour protéger les plus fragiles d’entre nous, d'empathie envers les soignants qui se battent comme de beaux diables, de compassion envers des soignés qui résistent autant qu'ils peuvent et de peine pour ceux qui traversent la maladie et plus encore pour les malheureux qui n'en réchappent pas...

Alors, à tous ceux qui pensent que nous sommes des irresponsables, des dingues, des fous ou tout autre doux qualificatif pour nous définir, souvenez-vous que nous avons un cerveau, qui se grippe parfois, un peu, beaucoup, à la f… et tout comme vous, UN CŒUR qui bat et qui se bat, tout comme le vôtre !

A présent, à chacun de prendre ses responsabilités, afin qu'on en finisse une bonne fois pour toutes avec ce virus !