En quelques heures, nous avons basculé tous ensemble dans une temporalité différente. Et ce virus, mortel, a été le vecteur d’un enseignement express dans de nombreux domaines.

Médical, en nous propulsant directement dans le monde angoissant et inconnu des virus aux noms étranges. Le coronavirus 2 et son syndrome respiratoire aigu sévère, appelé Sars-CoV-2 nous expose à la maladie du désormais célèbre Covid-19. Il nous a révélé les carences de notre système de santé. A mis en évidence l’engagement sans faille des soignants. Leurs combats pour sauver des vies, leurs échecs, leurs réussites. Les guerres intestines entre experts, chercheurs et découvreurs. Les lobbys pharmaceutiques, partout en embuscades. Les approximations, tâtonnements et mensonges des politiques. Les fausses infos et vraies fake news (fausses informations en français…). Les manques de matériel pour tous, soignants et simples citoyens.

Environnemental, en nous montrant ce que serait le monde sans pollution. Et l’allure à laquelle les animaux réinvestissent les villes, c’est-à-dire tous ces espaces naturels dans lesquels ils vivaient tranquillement avant qu’on ne les exproprie. Et à présent, nous rêvons du monde d’après, avec potager bio et joyeuse vie campagnarde entre poules et moutons.

Sociétal, en donnant une résonnance toute particulière aux répercussions directes sur nos vies, avec la mondialisation, les délocalisations, les externalisations et leur cortège de maux, qui dépossèdent les uns, appauvrissent les autres et rendant tout le monde esclaves de marchés financiers toujours plus forts et voraces.

Social, en nous faisant ressentir la compassion pour ceux qui souffrent ou partent, l’admiration pour les soignants, la bienveillance envers tous les professionnels « invisibles », la force de l’union et de l’unité, la solidarité retrouvée. En fait, tout ce qui fait notre humanité.

Individuel, en nous laissant tout le loisir de nous interroger sur le sens de la vie. Sur notre façon de communiquer, de partager, de pleurer, de rire ensemble. De prendre le temps d’apprécier le silence, de s’émerveiller devant un lever de soleil, une fleur qui s’ouvre, le sourire d’un enfant, le chant d’un oiseau, l’odeur de la pluie, la douceur de l’air sur la peau, tous ces petits détails qui rendent la vie plus belle, plus légère…

Le confinement a imprimé en nous sa marque. La marque du temps. Que garderons-nous de tout cela ? Des images, des sons, des sensations. L’odeur d’un gâteau qui cuit dans le four. Un fou rire partagé. Un sourire échangé. Le souvenir d’un être cher. Des applaudissements à la fenêtre. Un engagement solidaire. Une promesse de changement de vie. Une légère anxiété. Une angoisse vive, tenace et sa cohorte de peurs.

Chacun imprimera sur la pellicule de sa mémoire, le souvenir de ces semaines si particulières. Et enrichira son album intérieur avec un brin de nostalgie, un parfum d’inconnu, un sentiment de paix retrouvée, auréolé d’une couleur évanescente, ou avec une furieuse envie chevillée au corps, de courir partout, à la recherche du temps perdu…