Quand le tant attendu déconfinement a sonné l’heure de la sortie, nous ne nous sommes pas jetés à corps perdus pour nous retrouver. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui nous manquait. Non, disons plutôt que nous avons préféré attendre et observer comment les choses évoluaient. Puis, un jour, nous nous sommes dit que le moment était venu !

Pour autant, le contexte n’était pas des plus engageants ni des plus rassurants… La ville, encore engourdie, semblait ne pas réussir à sortir de sa trop longue léthargie. Nous faisions partie des rares personnes à oser s’aventurer dans ce monde hostile. Même les bars et restaurants étaient encore fermés. On doit bien admettre que la convivialité, c’est beaucoup plus sympa autour d’une table. Et dans les GEM, on s’y connait en la matière.

Nos toutes premières rencontres, en très petits groupes, ne nous ont pas vraiment convaincu de poursuivre l’aventure. On a donc décidé d’attendre encore un petit peu. Et ce n’est que très progressivement que nous nous sommes tous retrouvés. Et pour cause… On vous raconte comment les choses se sont passées.

Si on devait qualifier ces premières rencontres, les premiers mots qui viennent à l’esprit sont « bizarres autant qu’étranges ». C’est vrai que c’était bizarre de se revoir après tout ce temps, sans pouvoir se serrer dans les bras les uns des autres pour fêter nos retrouvailles par crainte de nous mettre mutuellement en danger. Impossible donc de manifester notre joie comme on aurait voulu.

Et ce n’est pas tout. Le fait de ne pas accueillir l’autre et ne pas se sentir soi-même accueilli comme nous en avions l’habitude, par des embrassades chaleureuses, a créé une étrange sensation. On s’attendait à autre chose, c’est sûr. Pourtant, on se doutait bien qu’on ne pourrait pas faire comme si de rien était… Mais, quand on pensait à ses retrouvailles, on les imaginait forcément joyeuses, exubérantes, un peu folles. La faute à cette si longue attente ! C’est elle qui a probablement permis de nourrir quelques fantasmes…

Heureusement, en contrepartie de cette étrange distance peu habituelle, un doux sentiment de familiarité est venu nous apporté le réconfort dont nous avions besoin. Même si nous n’étions pas nombreux, personne n’avait changé. De loin déjà on reconnaissait les silhouettes de chacun. En se rapprochant, on retrouvait avec plaisir les sourires et le regard des uns et des autres.

Autre fait marquant et de nature à nous apporter le soutien nécessaire, on s’est tellement parlé, pendant tout le confinement, que dès les premiers mots prononcés, c’est comme si on continuait la conversation de la veille. Soudain, tout redevenait comme avant. Comme si on ne s’était jamais quitté. La voix de chacun résonnait enfin à l’air libre. Elle n’était plus portée par les ondes et diffusée au creux de l’oreille, de sorte que le soir venu, elle bourdonnait encore de l’écho de nos interminables conversations.

Le temps a passé et la convivialité a retrouvé ses droits, ailleurs, autrement, virus oblige. Donc, si vous voulez vous rejoindre à nous, il vous suffit d’arpenter la Place Saint Nicolas, chaque après-midi. Et en principe, vous nous trouverez, joyeusement installés au frais, sous les immenses platanes, attablés sur la terrasse d’un Palais bien connu…