Retrouver la zone verte, ça fait du bien. On dirait que l’air qu’on respire est plus léger. C’est un peu comme si on était enfermé dans une cocote minute et que quelqu’un avait laissé s’échapper la vapeur avant de soulever le couvercle.

Vous allez certainement trouver ça paradoxal, mais c’est le moment que l’on a choisi pour aller s’enfermer au ciné. Ça faisait des lustres qu’on en était privé. Alors, on s’est laissé tenter pour échapper à la grisaille et aux premières morsures d’un froid tout relatif, certes, mais fortement ressenti après des mois d’une chaleur intense.

On a donc quitté provisoirement les terrasses lumineuses pour retourner dans les salles obscures. Et pour ce retour, on a choisi « BAC Nord ». A sa sortie, cet été, il a fait polémique face à une actualité marseillaise brûlante. Et ça continue encore aujourd’hui, campagne oblige.

Nous, on ne veut pas savoir qui a raison ou tort. Nous ne sommes pas là pour juger la vie des uns et des autres. Tout cela est bien trop complexe. Avec la police c’est « je t’aime moi non plus ». Avec les jeunes des cités, qu’ils rappent ou qu’ils dérapent, on les critique. Quant aux politiques, chacun dit la sienne tout en continuant à les élire...

Cédric Jimenez, le réalisateur s’est inspiré d’une histoire vraie. Inspiré, ça veut bien dire qu’il est parti d’une situation réelle et qu’il a ensuite suivi son propre délire. Et bien, nous, il nous a embarqués dans son délire. A bord d’une bagnole de flics, au bord du vertige, au bord de la nausée, avec cette équipe de la BAC. On a vécu cette mission de bout en bout, à un rythme effréné. Les acteurs sont tous tellement impliqués dans leurs rôles qu’on ne décroche à aucun moment.

Ah, évidemment, c’est violent. Même très violent. Pas le genre de film à recommander à tout le monde. D’ailleurs, l’une d’entre a dû quitter la salle dès les premières minutes. Pour vous donner une idée, c’est un bon cran au-dessus des « Misérables ». C’est dire ! En tout cas, on ne risque pas de s’endormir, ni de s’ennuyer. Après tout, c’est bien ce que l’on demande à un film. De nous faire rêver, même si là, ça relève hélas plutôt du cauchemar. De nous emmener loin de notre quotidien. Bingo ! Alors pour nous, c’est réussi.
On peut dire que notre retour au cinéma c’est fait sur les chapeaux de roues. Et qu’on n’a pas regretté une seule seconde ce choix. Bien au-delà de toutes les polémiques.

Seul bémol côté gros mots… On aurait aimé découvrir quelque chose de truculent, d’imagé, comme savent le faire les marseillais. Mais non. Rien de drôle. Il faut bien avouer que c’est très pauvre comme vocabulaire. Du coup, par moment, les dialogues en pâtissent. Mais, hélas, c’est très certainement proche de la réalité.

En sortant, on a été se refaire une santé avec un petit chocolat chaud, partager nos impressions et choisir le film de demain...