Quand on regarde l’Histoire, on le fait toujours depuis l’époque à laquelle on vit et chacun à travers ses propres filtres. Alors, rien de surprenant, à ce qu’on y trouve des ressemblances, voire une certaine résonnance, même à plusieurs siècles d’écart. Et en l’occurrence, tout cela n’est vraiment pas de nature à nous rassurer… En effet, tout le monde s’accorde à dire que cette histoire, dont le propos aurait pu être moyenâgeux, trouve hélas, toujours un écho retentissant, ici et maintenant, avec le mouvement       « Metoo ».

Ce parallèle n’a rien d’anodin quand on sait que le réalisateur n’est autre que Ridley Scott. Sensible à l’émancipation féminine, il nous raconte ici l’histoire de Marguerite. Violée par celui qui était l’ami de son mari, cette dernière refuse de taire l’infamie.

Et comme on regarde également chaque évènement de notre vie, chacun depuis notre place et à travers nos fameux filtres, le réalisateur propose de traiter le sujet en nous offrant le point de vue des 3 protagonistes.

La dimension historique de ce dernier duel juridique montre la toute-puissance de l’Eglise au Moyen-Age. Non seulement le procès de Marguerite se déroule au sein de celle-ci. Mais de surcroit, c’est Dieu lui-même qui rendra le verdict. Si elle ment, son mari perdra la vie. Si elle dit vrai, alors, son violeur mourra.

La détermination sans faille de Marguerite, à cette époque, confère une force supplémentaire au propos. Elle donne également à voir le viol comme une tradition qui l’érige en véritable culture ancestrale. Et dans le même temps, elle met à l’index une femme, dont le consentement serait forcément acquis, et de fait, serait donc plus coupable que victime… Du moins jusqu’à ce qu’elle témoigne de ce qu’elle a subit et que le doute s’installe.

Le suspens durera 2H30 ! Dit comme ça, ça ne vous donne pas très envie de retourner en 1386 ? Pourtant, à part quelques coupes dans les flash-back de fureur, de sang et de larmes, pour dynamiser le rythme, nous avons tous apprécié cette belle fresque médiévale.

La guerre de Cent ans fait rage et au nom de leurs rois, partout, les hommes s’entretuent. Marguerite est l’épouse de Jean de Carrouges. Ce preux chevalier, au caractère bien trempé, guerroie le plus clair de son temps, laissant sa femme, sa mère et leurs serviteurs à leurs futiles occupations dans leur château-fort.

Sur un champ de bataille, il sauve la vie à Jacques Le Gris. Hélas, leur amitié ne résistera pas longtemps. Le Gris, érudit au milieu d’ignorants, ne tarde pas à s’attirer protection et largesses du seigneur du coin, cousin du roi Charles VI. Plus à l’aise avec l’argent et les femmes qu’à la guerre, il profite tranquillement de la vie.

Après la brouille, les frères ennemis font la paix sous les yeux de Marguerite. Mais depuis lors, Le Gris n’a de cesse de vouloir la conquérir. Carrouges est en Écosse pour défendre les intérêts de son roi. Le Gris en profite pour entrer au château…