Cette année encore, nous avons déambulé de salle en salle, comme dans un labyrinthe. On a monté les marches. On les a redescendues. Puis remontées de nouveau pour mieux les redescendre.

Non, nous n'étions pas à Cannes. Ce n'est pas encore l'époque du festival. Les stars, starlettes et autres festivaliers attendent les beaux jours pour se montrer.

Nous, nous étions bien à Bastia. Au centre culturel "Una Volta". On s'est approché.  Le nez collé contre les planches. Puis on a reculé. Pour mieux apprécier.

Parfois, on s'est même laissé glisser dans les bulles. On a été happés, absorbés ou on a tenté de s'échapper d'univers trop tourmentés.

Au détour d'une salle, dans le noir, on a même traversé la mer, amer, poussés par un vent hurlant. Déplacés, exilés... On était partis en bande. Décimée. On s'est retrouvés en petit comité.

On a encore voyagé ? Oui, si vous voulez, d'une certaine façon.
Le voyage est une belle métaphore de la vie, non ?
Si vous avez été attentifs aux indices, vous avez déjà deviné.

Et oui, gagné. Ce jour-là, c'est bien au cœur du festival de la BD qu'on a décidé de voyager. Aux confins de mondes bien particuliers.

Oniriques, angoissants, étouffants, tourmentés, déjantés, lumineux, dépaysants, dépaysés... Chaque dessinateur vous invite dans son univers. En couleurs, en noir et blanc, avec des mots ou des silences, en pleine page ou en sautant de carré en rectangle. Comme dans une marelle. Des atmosphères, tout en douceur, tout en moiteur, tout en sourire, tout en grincement de dents, tout en chair de poule... Il y en a pour tous les goûts et les dégouts. À chacun son histoire. À chacun sa rencontre.

Cette année encore, on est sortis de notre bulle  pour aller à la rencontre de celles des auteurs. Et bien, on peut vous dire qu'on a apprécié.

Ce fut un moment particulier. Comme en apesanteur, quelque part entre le temps et l'espace. Entre l'enfance et les constellations. En haut de l'escalier ou au bout du couloir, au détour d'une planche ou au bas d'une page. Au beau milieu d'une dédicace ou posé sur un coin de table. Un mot glissé dans un micro qui s'est envolé pour se poser au creux d'une oreille attentive ou distraite. Beaucoup d'émotions en très peu de temps. Alors on est rentré au GEM... Et on a continué à rêver. Et à buller en pensant au prochain festival de la B.D. et à ses marchands de rêves.
En attendant, on a un an pour se plonger avec délice dans les nouveaux albums. Un peu de baume au coeur !